Mardi 10 septembre 2024 de 18h45 à 20h00
Invitée : Marine JACQUEMIN, grand reporter, réalisatrice et productrice, autrice de Mes Guerres Ed. de L’Observatoire
Animé par Isabelle Bourdet – Directrice du Press Club
Voilà une femme que l’on a regardée derrière nos écrans de télévision pendant trente ans en nous disant : elle a du cran. Son visage, sa voix si familière, ses reportages en zone de guerre (Afghanistan, Golfe, Tchétchénie, Rwanda…), son style bien à elle ont marqué nos esprits.
Mais malgré l’amour du métier de grand reporter qu’elle a exercé à TF1, elle a dû endurer la misogynie et les stéréotype dont on l’affublait, mais elle a tenu bon au nom d’un idéal : porter la parole des femmes et des hommes victimes de l’horreur de la guerre.
Elle a levé le voile pour nous faire découvrir les coulisses d’un monde aussi passionnant qu’impitoyable dans lequel elle a su se frayer un chemin. Voici quelques unes de ses déclarations :
Couvrir les guerres :
« Il y a de la noblesse chez les gens chez lesquels nous rentrons dans ces pays en guerre. Il y a beaucoup de noblesse. La guerre, c’est un grand théâtre où l’on rencontre des héros ordinaires tous les jours. La noblesse ne vient pas de nous. Je ne me sens pas héroïne par rapport à tous ces gens-là, qui sont là-bas, qui ne l’ont pas désiré, qui sont victimes alors que nous c’est un choix d’y aller. »
Retour de guerre :
« A mon époque, contrairement aux soldats, contrairement aux humanitaires, les journalistes n’étaient pas pris en charge par les psys. Aujourd’hui c’est le cas car nous nous sommes battus pour que ce soit comme ça. »
« On me disait : « Alors, c’est terrible, tu étais au Rwanda, alors le génocide… », et puis tout d’un coup tu vas pour répondre et ils se servent une coupe de champagne. Mais ce n’est pas de leur faute, parce que c’est tellement difficile à envisager. »
Femmes en territoires de guerre
« On peut penser qu’il peut y avoir un avantage à être une femme, car on nous prend pour des mères, des sœurs »
« J’ai eu peur tout le temps car la peur est la boussole mais face à des hommes en arme, j’essayais toujours d’être justement une femme. […] Je ne leur montrais pas ma peur »
Femme ou journaliste engagée ?
« Je suis femme jusqu’au bout des doigts et puis évidemment engagée. »
« Quand on revient de guerre, on laisse des gens en détresse, on vit notre vie normalement et on ne fait rien pour les autres à part parler d’eux »
« Je m’étais toujours dit qu’un jour, je me vengerai, un jour j’aurai un vrai projet, un jour je me rattraperai de tous ces sourires qu’ils m’ont donnés, de leurs larmes, de toute leur détresse. Je n’ai rien fait et il fallait qu’un jour je fasse quelque chose. Et j’ai oeuvré à l’ouverture d’un hôpital pour enfants à Kaboul »
En parlant des talibans : « Ils ne nous menacent pas, ils menacent leur pays, leurs femmes. Moi quand je suis allé voir les Talibans pour négocier la construction de l’hôpital, j’ai été reçue, je n’ai eu aucun problème. Bien sûr il faut être voilée et respecter les règles qu’ils nous imposent. »